Infections fongiques systémiques chez les chats : symptômes, traitement et prévention

Les champignons (également appelés mycètes, les deux termes sont corrects !) regroupent un large éventail d’organismes, dont les spores, les levures, les moisissures et les champignons comestibles ou sauvages. À l’instar des bactéries, ils sont présents partout autour de nous, bien qu’ils soient souvent trop microscopiques pour être visibles à l’œil nu. On les retrouve principalement dans le sol.

De nombreux champignons sont inoffensifs, mais certains peuvent provoquer des infections chez l’humain comme chez l’animal. Comme pour d’autres types d’infections, les chats âgés, fragiles ou dont le système immunitaire est affaibli sont plus susceptibles de développer des mycoses. Les chats atteints d’une maladie sous-jacente, telle que le virus de l’immunodéficience féline (VIF) ou le virus de la leucémie féline (FeLV), sont particulièrement exposés.

La mycose la plus fréquente chez le chat est la teigne. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, elle n’est pas causée par un ver mais par un champignon appelé Microsporum canis. La teigne entraîne l’apparition de lésions circulaires sur la peau de votre chat, souvent très prurigineuses (provoquant de fortes démangeaisons). Elle est également contagieuse, aussi bien pour les autres animaux que pour les humains.

La teigne est un exemple de mycose généralement localisée : elle touche une zone précise du corps. À l’inverse, les mycoses systémiques sont des infections qui se propagent dans l’ensemble de l’organisme et peuvent s’avérer beaucoup plus graves.

Types d’infections fongiques systémiques

Les mycoses systémiques sont heureusement rares chez le chat. Lorsqu’elles apparaissent, elles peuvent toutefois être très graves et difficiles à traiter. Certaines infections fongiques sont beaucoup plus répandues dans certaines régions du monde : il est donc important de connaître celles qui touchent le plus fréquemment votre zone géographique.

Dans cet article, nous allons passer en revue quelques exemples de mycoses courantes qui peuvent affecter les chats.

1. Cryptococcose

La cryptococcose est la mycose systémique la plus fréquente chez le chat. On la rencontre dans le monde entier, mais elle est particulièrement répandue en Amérique du Nord (notamment sur la côte Pacifique), ainsi que dans certaines régions d’Europe et d’Australie. Ce champignon est présent dans le sol et dans les fientes d’oiseaux, en particulier celles des pigeons. Les chats contractent la maladie en inhalant des spores de Cryptococcus neoformans présentes dans l’air.

Lorsque les spores sont inhalées par le nez, l’infection débute généralement dans les voies nasales. Les signes comprennent un écoulement nasal, des éternuements, des gonflements ou des plaies sur le nez et le visage, des difficultés respiratoires et des polypes nasaux. Si la maladie se propage de la cavité nasale au système nerveux central, vous remarquerez peut-être des signes neurologiques, tels que des changements dans le comportement de votre chat, des convulsions, une cécité, des mouvements circulaires ou une dépression.

Si l’infection atteint la circulation sanguine, elle peut devenir systémique, c’est-à-dire se propager dans tout le corps. Les symptômes de la cryptococcose systémique sont très variés selon les zones du corps touchées, mais l’anorexie, la léthargie et la perte de poids sont courantes.

La cryptococcose peut être diagnostiquée à partir d’un échantillon de tissu. Il existe également un test de détection d’antigènes appelé test d’agglutination au latex (LAT), qui permet de diagnostiquer l’infection à l’aide d’un test sanguin ou d’échantillons d’urine ou de liquide céphalorachidien.

Si la maladie est détectée tôt, le pronostic peut être bon, en particulier chez les chats présentant uniquement des signes cutanés ou nasaux. Cependant, le traitement est généralement prolongé, avec des mois de traitement antifongique et, dans certains cas, une intervention chirurgicale pour retirer les lésions cutanées. Le pronostic est mauvais chez les chats souffrant de symptômes neurologiques ou de maladies immunosuppressives sous-jacentes, telles que le FIV ou le FeLV.

2. Histoplasmose

Les premiers symptômes de l’histoplasmose comprennent des difficultés respiratoires, de la toux et de la fièvre.

Le champignon Histoplasma capsulatum est également présent dans le sol, ainsi que dans les excréments d’oiseaux et de chauves-souris. Il est particulièrement courant dans les vallées fluviales du Midwest et du sud des États-Unis, mais on le trouve dans le monde entier.

Les chats peuvent inhaler ou avaler les spores fongiques, ce qui peut entraîner une infection des voies respiratoires ou du tractus gastro-intestinal. Cependant, à partir de là, l’infection peut se propager dans tout le corps par la circulation sanguine, en particulier vers le système nerveux central et la moelle osseuse.

Les signes respiratoires, comme la difficulté à respirer, la toux et la fièvre sont fréquents. Mais si l’infection s’est propagée à d’autres régions du corps, les signes cliniques peuvent être très variés. La perte de poids, l’anémie, la diarrhée et la dépression sont fréquentes, ainsi que les signes neurologiques.

L’histoplasmose est généralement diagnostiquée à partir de l’identification des organismes fongiques dans des échantillons de liquide ou de tissu. Les chats souffrant d’histoplasmose systémique ont généralement besoin de plusieurs mois de médicaments antifongiques. Ils peuvent également avoir besoin de soins de soutien, tels qu’une nutrition spéciale, une thérapie par fluides et des antibiotiques pour lutter contre les infections bactériennes secondaires.

3. Aspergillose

L’aspergillose est une infection fongique qui affecte principalement les voies respiratoires, mais qui, dans de rares cas, peut devenir systémique. On la retrouve partout dans le monde. L’aspergillose est beaucoup plus fréquente chez les chats dont le système immunitaire est affaibli, comme les chats âgés ou ceux qui souffrent d’autres problèmes de santé, notamment le FIV ou le FeLV.

Les symptômes incluent un écoulement nasal, un gonflement des sinus et des troubles de la respiration. Dans de rares cas, l’infection peut également se propager au système nerveux central, provoquant des symptômes neurologiques.

Le diagnostic de l’aspergillus peut être délicat, nécessitant souvent une imagerie telle que des radiographies ou des tomodensitométries, ainsi que des analyses d’échantillons de tissus et de liquides.

Le traitement de l’aspergillose chez le chat associe généralement des traitements chirurgicaux et antifongiques. Le pronostic dépend de l’étendue de la maladie et de l’état de santé général du chat.

4. Coccidiomycose

Les premiers symptômes de la coccidiomycose comprennent des nodules ou des plaies cutanées, de la fièvre, de la toux et une perte de poids.

La coccidiomycose (également connue sous le nom de fièvre de la vallée) se transmet par la poussière. Elle n’est généralement observée que dans les régions désertiques telles que certaines régions d’Amérique du Sud, du Mexique et du sud-ouest des États-Unis. Les chats sont infectés en inhalant les spores transportées par les particules de poussière. Des épidémies de l’infection sont parfois observées après des tempêtes de poussière, mais elles sont généralement rares.

Si votre chat est infecté par la coccidiomycose, vous pouvez observer des nodules ou des plaies cutanées, de la fièvre, de la toux et une perte de poids. Si l’infection se propage dans tout le corps, elle peut provoquer un large éventail de symptômes, notamment des signes neurologiques et une boiterie. La coccidiomycose est diagnostiquée par l’identification du champignon dans des échantillons de tissus ou de liquides, ou à l’aide d’un test d’anticorps.

Le traitement implique de longues cures de médicaments antifongiques (généralement au moins un an), et le pronostic peut être mauvais, sauf chez les chats présentant uniquement des signes cutanés.

Si vous vivez dans une zone à haut risque de coccidiomycose, essayez de réduire autant que possible l’exposition de votre chat à la poussière et au sol, en particulier pendant les tempêtes de poussière.