
Irina Borodovskaya / Shutterstock.com
Les polypes nasopharyngés chez le chat sont des tumeurs bénignes (non cancéreuses) et inflammatoires, situées dans les oreilles ou la gorge. Ils apparaissent le plus souvent chez les chatons de moins d’un an, sans distinction de race ou de sexe. Lorsqu’un polype se forme dans l’oreille, il provient généralement de la cavité de l’oreille moyenne ou de la trompe d’Eustache. Il peut ensuite migrer vers le conduit auditif externe (on parle alors de polype auditif) ou vers le nasopharynx, apparaissant ainsi à l’arrière de la gorge (polype nasopharyngé), voire se manifester dans les deux zones.
Les polypes nasopharyngés entraînent des symptômes liés aux voies respiratoires supérieures, tandis que les polypes auditifs provoquent des signes ressemblant à une otite externe. Dans cet article, nous nous concentrerons principalement sur les polypes nasopharyngés, en abordant leurs symptômes, les traitements possibles et le pronostic des chats concernés.
Causes des polypes nasopharyngés chez les chats
Les polypes nasopharyngés sont fréquents chez les chatons, mais peuvent survenir chez les chats de tout âge. La cause exacte des polypes est relativement inconnue et mal comprise. Il existe quelques théories, mais on pense généralement qu’une inflammation chronique peut conduire au développement de polypes nasopharyngés et auditifs. L’inflammation chronique peut survenir en raison d’infections, de virus ou de blessures.
En particulier, on pense que les polypes peuvent apparaître en réponse à :[1]
- Infection chronique des voies respiratoires supérieures : Les infections des voies respiratoires supérieures dues à des virus tels que l’herpèsvirus félin ou le calicivirus félin sont susceptibles de provoquer une inflammation et une irritation chroniques, pouvant conduire à la formation de polypes.
- Otite moyenne chronique : les infections chroniques de l’oreille dues à des bactéries ou à des acariens peuvent provoquer une inflammation chronique de l’oreille et endommager le tympan, déclenchant potentiellement la croissance de polypes.
- Infection ascendante du nasopharynx : Toute bactérie qui se déplace et provoque une infection peut entraîner une inflammation locale.
- Origine congénitale (prénatale) : Certains pensent que les polypes sont des excroissances provenant de restes des arcades branchiales.[2]
Symptômes des polypes nasopharyngés chez le chat
Il est important de savoir reconnaître les symptômes chez votre chat, car ceux-ci varient en fonction de la localisation des polypes.
Les polypes situés dans la gorge entraînent des signes liés aux voies respiratoires supérieures, notamment :
- Écoulement nasal
- Ronflement ou stridor (bruit dur lors de la respiration)
- Éternuements
- Difficultés respiratoires (dyspnée)
- Perte de poids
- Difficultés à manger
- Bâillements fréquents
- Changements de la voix
En revanche, les polypes présents dans l’oreille peuvent provoquer :
- Grattage fréquent des oreilles
- Secousses de la tête
- Inclinaison de la tête
- Écoulement auriculaire
- Oreilles douloureuses
- Perte d’équilibre
- Nystagmus (mouvements oculaires anormaux)
- Ataxie (marche instable et non coordonnée)
Ce sont les principaux signes observés, mais leur intensité peut varier. Certains chats peuvent vivre avec des polypes pendant des années sans que cela n’affecte leur quotidien. Il n’est pas rare de voir des chats d’âge moyen ou avancé qui ont coexisté longtemps avec un polype sans aucun problème apparent.
Complications des polypes nasopharyngés

Un chat atteint d’un polype infecté peut présenter des sécrétions odorantes au niveau du nez ou des oreilles. Il peut également montrer des signes de malaise, tels que fièvre, léthargie ou perte d’appétit. Beekawa / Shutterstock.com
Parfois, les polypes peuvent devenir suffisamment volumineux pour provoquer une obstruction des voies respiratoires supérieures, entraînant de sérieuses difficultés respiratoires. Ces polypes de grande taille sont également plus susceptibles de s’infecter, ce qui peut rendre votre chat très malade et affecter à la fois son poids et sa santé générale.
Diagnostic des polypes nasopharyngés chez le chat
Si votre chat présente des symptômes évoquant un polype, il est important de prendre rendez-vous avec votre vétérinaire dès que possible. Ce dernier vous demandera de détailler tous les symptômes observés et procédera à un examen complet. Il pourra également recommander des analyses sanguines de routine ainsi que des tests de dépistage du virus de la leucémie féline et du virus de l’immunodéficience féline. En effet, les infections virales chroniques peuvent provoquer une inflammation persistante et une immunosuppression, facteurs pouvant favoriser l’apparition de polypes.
Pour diagnostiquer un polype nasopharyngé, le vétérinaire examinera les voies respiratoires supérieures de votre chat, notamment derrière le palais mou. Cette procédure nécessite généralement une sédation ou une anesthésie générale. Elle permet parfois de visualiser directement le polype. Dans le cas contraire, d’autres examens d’imagerie peuvent être réalisés, tels que radiographies, tomodensitométrie (TDM), rhinoscopie ou imagerie par résonance magnétique (IRM).
Un polype auditif, situé dans l’oreille, peut être visible lors d’un examen à l’aide d’un otoscope, mais il peut aussi nécessiter des examens d’imagerie plus approfondis.
Le diagnostic repose généralement sur l’apparence et la localisation de la masse, ainsi que sur les signes cliniques observés. Si le vétérinaire suspecte d’autres pathologies, comme un cancer, il pourra recommander une biopsie pour confirmer le diagnostic.
Traitements des polypes nasopharyngés chez le chat
Le traitement principal d’un polype est l’ablation chirurgicale sous anesthésie générale. L’objectif de l’opération est d’enlever le plus possible de polype. Cette opération est difficile car les polypes naissent dans le canal auditif moyen, très délicat, et il est donc presque impossible de les retirer complètement.
Les polypes peuvent être retirés à l’aide de différentes techniques. La traction-avulsion consiste à retirer le plus de polype possible en le tirant doucement avec une pince. Le taux de récidive avec cette technique est d’environ 50 %.[2] L’ostéotomie de la bulle ventrale (VBO) consiste à retirer chirurgicalement la racine du polype et tout tissu inflammatoire. La VBO réduit considérablement le risque de récidive du polype, avec un taux de récidive de seulement 2 %.[3]
Les deux techniques comportent des risques postopératoires dont votre vétérinaire discutera avec vous. Ceux-ci peuvent inclure le syndrome de Horner, des saignements, des lésions nerveuses et une otite interne (infection de l’oreille interne). Votre chat devra probablement prendre des analgésiques et éventuellement des antibiotiques après l’intervention.
L’alternative à la chirurgie est le traitement médical, qui, d’après mon expérience, n’est pas très efficace. Les médicaments anti-inflammatoires peuvent réduire une partie de l’inflammation, mais ne résolvent pas le polype.
Le pronostic d’un polype dans l’oreille d’un chat est très bon. Il s’agit de tumeurs bénignes (non cancéreuses) et de multiples options de traitement sont disponibles. Les chats qui ont eu des polypes peuvent mener une vie normale et longue.
Conseils pour prendre soin de son chat
Cette période peut être source d’inquiétude si votre chat a récemment été diagnostiqué ou traité pour un polype. Voici quelques conseils pour rendre son quotidien plus confortable :
- Respectez le calendrier des médicaments : si votre chat a subi une intervention chirurgicale, il recevra probablement des médicaments à administrer à domicile. Votre vétérinaire peut également prescrire un traitement pour réduire l’inflammation avant l’opération. Administrez les doses au bon moment et sans en oublier : la régularité favorisera une récupération plus rapide.
- Soins postopératoires particuliers : les chats opérés ont besoin de repos et de récupération pendant 10 à 14 jours. Selon l’intervention, ils peuvent porter un cône ou avoir des points de suture. Suivez attentivement les instructions de votre vétérinaire et contactez-le en cas d’inquiétude.
- Encouragez votre chat à manger : un chat atteint d’un polype ou ayant récemment subi une chirurgie peut avoir des difficultés à manger. Les polypes nasopharyngés se développent à l’arrière de la bouche, pouvant provoquer congestion et gêne respiratoire. La nourriture humide est souvent la meilleure option dans ce cas. Vous pouvez la réchauffer légèrement, y ajouter un peu d’eau ou de bouillon sans sel, et y incorporer quelques friandises pour stimuler l’appétit.
Prévention des polypes nasopharyngés chez le chat

Des examens réguliers peuvent aider à détecter les problèmes potentiels à un stade précoce, lorsqu’ils sont plus faciles à gérer. megaflopp / Shutterstock.com
Il n’existe aucun moyen connu de prévenir les polypes nasopharyngés chez les chats, mais il existe des moyens de garder nos chats en bonne santé et de prévenir l’infection ou l’inflammation.
- Maintenez les vaccinations de votre chat à jour : les vaccinations aideront à protéger les chats contre le virus de la leucémie féline et les virus des voies respiratoires supérieures, qui peuvent provoquer une inflammation chronique.
- Nourrissez votre chat avec une alimentation de qualité : les chats sont des carnivores obligatoires qui ont besoin de nutriments spécifiques. Donnez à votre chat une alimentation complète et de qualité pour le maintenir en bonne santé. Donnez-lui toujours de l’eau fraîche en quantité suffisante.
- Gardez votre chat actif et à un poids santé : une activité régulière et le maintien d’un poids santé aideront votre chat à rester en bonne santé et en forme pendant de nombreuses années.
- Visites régulières chez le vétérinaire : les visites chez le vétérinaire sont essentielles pour prévenir les infections et les inflammations. Emmenez votre chat chez le vétérinaire pour des contrôles annuels et chaque fois qu’il ne se sent pas bien. Les infections doivent être traitées rapidement pour éviter qu’elles ne s’aggravent.
-
Simon T. Kudnig BVSc MVS MACVSc. Nasopharyngeal polyps in cats. Clinical Techniques in Small Animal Practice. 2002;17(4):174-177. doi:10.1053/svms.2002.36602
-
Lisa D Schmidt. Feline inflammatory aural (nasopharyngeal) polyps. VetScript. Published online November 2019.
-
D. Michael Tillson DVM MS DACVS, Kristyn E. Donnelly DVM. Feline Inflammatory Polyps and Ventral Bulla Osteotomy. VETFolio. Published March 2019.