Que sont les crises d’épilepsie ?
Les crises d’épilepsie sont provoquées par une activité électrique excessive dans le cerveau. Des impulsions nerveuses se déclenchent de manière aléatoire, entraînant une perte de conscience accompagnée de contractions musculaires incontrôlées et désordonnées, touchant certains muscles ou la majorité d’entre eux. D’autres signes peuvent également apparaître, tels que salivation, bave, miction ou défécation.
Après la crise, lors de la phase post-ictale, le chat récupère progressivement et peut présenter désorientation, changements de comportement et démarche chancelante. Les crises peuvent être généralisées (grand mal) ou partielles (crises focales).
Pour en savoir plus sur le déroulement des crises d’épilepsie et leurs manifestations chez le chat, nous vous invitons à consulter notre article dédié « Les crises d’épilepsie chez les chats » et à regarder la courte vidéo explicative.
Cet article se concentre spécifiquement sur l’épilepsie en tant que maladie, en décrivant les différents types de crises observés chez le chat et en expliquant l’approche vétérinaire de l’épilepsie féline, incluant le diagnostic des causes, ainsi que la gestion et le traitement.
Types d’épilepsie chez les chats
L’épilepsie féline se divise en deux types selon l’origine des crises.
- Épilepsie primaire (ou idiopathique) : ce type correspond à une épilepsie d’origine inconnue. Aucune cause physique n’est identifiée : les examens d’imagerie cérébrale avancée ne révèlent aucune anomalie, et même lors d’une autopsie après le décès du chat, aucune modification structurelle du cerveau n’est détectée. La cause peut être génétique et héritée des parents, bien que de nombreux cas ne présentent pas de lien apparent. L’épilepsie primaire se développe souvent pour des raisons encore mal comprises. Elle concerne 30 à 60 % des chats présentant des crises et environ 26 % des chats diagnostiqués avant l’âge d’un an.
- Épilepsie secondaire (ou acquise) : ce type est lié à une anomalie physique identifiable grâce à l’anamnèse, aux analyses sanguines ou à l’imagerie diagnostique. Les causes peuvent être extracrâniennes, comme des troubles métaboliques détectables dans le sang (maladie du foie, insuffisance rénale, troubles hormonaux tels que l’hyperthyroïdie), ou intracrâniennes, liées à des maladies cérébrales visibles à l’imagerie (traumatismes, tumeurs comme les méningiomes, maladies vasculaires, infections ou troubles immunitaires). L’épilepsie secondaire représente environ 50 % des cas de chats épileptiques (variant de 40 à 70 %). Certaines causes sont liées à l’âge : par exemple, les méningiomes et l’hyperthyroïdie sont plus fréquents chez les chats âgés.
Diagnostiquer le type d’épilepsie
Parfois, les antécédents récents d’un chat peuvent orienter vers la cause des crises, par exemple lorsqu’il provient d’une lignée ayant des antécédents d’épilepsie. Cependant, dans la majorité des cas, une enquête approfondie est nécessaire pour établir un diagnostic.
Cette démarche débute par un examen détaillé de l’historique du chat (date du début des crises, fréquence, circonstances, etc.) et une évaluation minutieuse des signes cliniques. L’examen physique reste l’un des piliers de la bonne pratique vétérinaire.
Les investigations peuvent ensuite se complexifier et inclure : des analyses sanguines (pour mesurer les enzymes métaboliques et des substances comme les acides biliaires afin d’évaluer la fonction hépatique, les hormones thyroïdiennes, etc.), une analyse d’urine, la mesure de la pression artérielle, un électroencéphalogramme (EEG), un prélèvement et une analyse du liquide céphalo-rachidien, une échographie, des radiographies et des examens d’imagerie avancée comme la tomodensitométrie (TDM) ou l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour détecter des tumeurs cérébrales ou des traumatismes crâniens.
D’autres tests peuvent être réalisés, notamment des analyses sanguines pour la leucémie féline et le virus de l’immunodéficience féline, ainsi que des sérologies pour des maladies sous-jacentes comme la péritonite infectieuse féline, la cryptococcose ou la toxoplasmose.
Chez les chats atteints d’épilepsie primaire, ces examens ne révèlent aucune anomalie : ce type d’épilepsie est alors qualifié de « diagnostic d’exclusion ».
En revanche, chez les chats atteints d’épilepsie secondaire, une cause spécifique peut être identifiée grâce à cette série de tests et d’investigations.
Un diagnostic précis du type d’épilepsie est essentiel pour déterminer le traitement le plus adapté.
Traitement de l’épilepsie

En se basant sur les antécédents médicaux de votre chat, ses analyses sanguines et d’autres examens complémentaires, votre vétérinaire pourra déterminer le type d’épilepsie dont il souffre.
La plupart des crises ne durent que quelques secondes ou quelques minutes, et aucun traitement immédiat n’est nécessaire, sauf pour protéger le chat contre tout risque de blessure (voir notre article dédié aux crises chez le chat). Dans de rares cas, une crise généralisée peut durer plus longtemps — on parle alors d’état de mal épileptique — et nécessite un traitement vétérinaire d’urgence.
Dans ces situations, des médicaments tels que des anesthésiques intraveineux ou le diazépam peuvent être administrés pour interrompre la crise, et d’autres traitements seront prescrits si nécessaire. Il est crucial d’intervenir lorsque les crises ne s’arrêtent pas spontanément après quelques minutes, car une persistance prolongée peut provoquer des lésions cérébrales.
À plus long terme, le traitement de l’épilepsie chez le chat vise à réduire la fréquence des crises, voire à les faire disparaître complètement. Le choix du traitement dépend du type d’épilepsie diagnostiqué.
Épilepsie primaire
Si aucune cause sous-jacente spécifique de l’épilepsie n’est identifiée, le chat est diagnostiqué avec une « épilepsie idiopathique » et un traitement antiépileptique peut être nécessaire pour contrôler les crises. Ce traitement n’est pas systématiquement prescrit après une seule crise, mais seulement si le chat présente des crises fréquentes (par exemple plus d’une fois toutes les six semaines) ou des crises groupées (par exemple quatre crises en quelques jours).
Plusieurs médicaments anticonvulsivants sont disponibles. Votre vétérinaire vous orientera vers le traitement le plus adapté à votre chat. Des contrôles réguliers sont essentiels, car l’activité épileptique doit être surveillée et des effets secondaires liés aux anticonvulsivants peuvent apparaître, nécessitant parfois un ajustement du traitement.
Le médicament le plus souvent utilisé en première intention est le phénobarbital. Dans certains cas, votre vétérinaire pourra proposer des alternatives, telles que le zonisamide, le lévétiracétam ou le clonazépam. Le phénobarbital peut parfois provoquer des effets secondaires, comme une polydipsie (soif accrue), une polyurie (augmentation de la miction), une polyphagie (appétit augmenté), de la sédation ou une ataxie (perte de coordination des mouvements).
Par le passé, d’autres médicaments comme le bromure de potassium, la primidone ou la phénytoïne étaient utilisés. Aujourd’hui, leur prescription est moins courante, en raison notamment de leur disponibilité limitée et de leurs effets secondaires potentiels.
Épilepsie secondaire
Suivi d’un chat épileptique

Il est essentiel de tenir un journal des crises et de noter chaque épisode de votre chat. Consignez les informations concernant l’heure, la durée, les événements récents et tout autre détail pertinent lié à la crise.
Quel que soit le type d’épilepsie, il est essentiel que le propriétaire tienne un journal des crises, en notant l’heure, la description et la durée de chaque épisode. Tout changement récent de médicament, de régime alimentaire, de mode de vie ou tout autre événement pertinent doit également être consigné. Des applications pour smartphone peuvent faciliter cette tâche, et les informations recueillies doivent être partagées avec votre vétérinaire tous les 3 à 12 mois, en fonction de la fréquence des crises.
Si votre chat suit un traitement antiépileptique à long terme, votre vétérinaire pourra recommander des analyses sanguines régulières afin de vérifier que les niveaux thérapeutiques sont maintenus et/ou d’évaluer l’impact du médicament sur les différents systèmes de l’organisme. La fréquence de ces contrôles dépendra du type de médicament prescrit.
L’épilepsie féline peut-elle être guérie ?
Lorsque la cause sous-jacente d’une épilepsie secondaire peut être traitée ou supprimée — par exemple une maladie, une intoxication ou une tumeur cérébrale — les crises peuvent être définitivement résolues.
En revanche, pour un chat atteint d’épilepsie primaire, les crises peuvent être contrôlées grâce à un traitement anticonvulsivant à vie. La réponse au traitement et le pronostic à long terme varient toutefois considérablement d’un chat à l’autre.