Les chats sont réputés pour leur aisance à s’asseoir, se lever, marcher, courir et sauter, le tout avec un équilibre et une coordination remarquables. Cette agilité exceptionnelle repose sur une structure physique appelée le « système vestibulaire ».
Lorsque ce système ne fonctionne pas correctement, on parle de « maladie vestibulaire » (ou syndrome vestibulaire). Elle se manifeste par des difficultés à se déplacer normalement, entraînant des mouvements déséquilibrés et peu coordonnés. Ce phénomène, assez courant chez nos compagnons félins, affecte même les chats habituellement très agiles.
Causes de la maladie vestibulaire
Le système vestibulaire se compose de deux parties qui fonctionnent en parfaite harmonie. Le système vestibulaire périphérique est constitué de récepteurs situés à côté de la cochlée dans l’oreille interne. Le système vestibulaire central, lui, se trouve dans le cerveau et la moelle épinière et comprend trois structures : le cortex cérébral (cerveau antérieur), le cervelet et la moelle épinière.
Toute affection perturbant l’un de ces composants peut entraîner une maladie vestibulaire.
Voici les causes les plus fréquentes :
- Otite moyenne et otite interne : l’inflammation de ces zones de l’oreille, souvent consécutive à une infection, peut provoquer une maladie vestibulaire périphérique.
- Polypes nasopharyngés : il s’agit de petites excroissances bénignes qui se développent dans le conduit reliant le pharynx (fond de la gorge) à l’oreille moyenne.
- Péritonite infectieuse féline (PIF).
- Méningite ou encéphalite : l’inflammation du système nerveux central peut affecter le système vestibulaire central.
- Infarctus ou hémorragies cérébrales : ces troubles sanguins perturbent l’alimentation en sang des structures vestibulaires.
- Malformations congénitales et maladies héréditaires du système nerveux central : certaines races, comme les birmans, les siamois et les tonkinois, sont plus exposées, avec une apparition souvent dès les premières semaines de vie.
- Tumeurs : elles peuvent toucher les différentes parties du système vestibulaire.
- Maladies systémiques : hypertension, carence en thiamine ou exposition à certaines toxines ou médicaments peuvent en être la cause.
- Troubles idiopathiques : lorsque la cause de la maladie vestibulaire demeure inconnue malgré les examens.
- Traumatisme : un choc crânien ou médullaire peut endommager directement les composants du système vestibulaire.
Symptômes de la maladie vestibulaire

L’apparition soudaine d’une inclinaison de la tête, ainsi que des déplacements en cercle ou des titubations, sont des symptômes fréquents de la maladie vestibulaire.
Un chat en bonne santé se déplace avec aisance : il marche, court et saute de manière coordonnée. Lorsqu’un chat souffre d’une maladie vestibulaire, cette capacité est altérée. Ses mouvements deviennent désordonnés et son sens de l’équilibre est perturbé. Il peut également ressentir de fortes nausées, ce qui influence son appétit.
Ces perturbations se traduisent par différents symptômes :
- Inclinaison ou position anormale de la tête
- Faiblesse générale
- Penchement d’un côté
- Chutes fréquentes
- Démarche échelonnée
- Incoordination des membres
- Roulements répétitifs
- Nystagmus (mouvements rapides des yeux d’un côté à l’autre ou de haut en bas)
- Paralysie faciale
- Vomissements
- Perte d’appétit
Diagnostic de la maladie vestibulaire
Si votre chat présente l’un des signes mentionnés précédemment, il est essentiel de l’emmener sans délai chez votre vétérinaire afin d’identifier la cause du problème et de mettre en place un traitement approprié.
Le vétérinaire commencera par discuter avec vous de l’état de santé général de votre chat, en s’intéressant notamment à d’éventuels traumatismes ou à une exposition à des substances toxiques. Il procédera ensuite à un examen complet, recherchant d’éventuelles anomalies physiques, prenant la température et écoutant le cœur et les poumons à l’aide d’un stéthoscope. Une attention particulière sera portée aux yeux (généralement examinés avec un ophtalmoscope) et aux oreilles (à l’aide d’un otoscope). Un examen neurologique sera également réalisé, incluant la vérification des réflexes et de la proprioception.
Il est très probable que le vétérinaire recommande des analyses sanguines, comprenant les tests de base tels que l’hématologie (numération sanguine) et le profil biochimique (incluant des électrolytes essentiels comme le potassium). Des tests spécifiques peuvent également être effectués pour détecter certaines infections virales, comme le FeLV et le FIV, dont la présence aurait des implications importantes pour la santé de votre chat. La tension artérielle de votre compagnon sera également mesurée.
Dans les cas plus complexes, des examens complémentaires peuvent être nécessaires. Il peut s’agir de radiographies, de tomodensitométries (scanner) ou d’IRM pour analyser en détail les structures internes, d’analyses d’urine, d’examens du liquide céphalorachidien ou encore de cultures provenant de zones susceptibles d’être infectées, comme les oreilles.
Traitement de la maladie vestibulaire

De nombreux patients atteints d’une maladie vestibulaire nécessiteront une hospitalisation pour une thérapie par fluides et des médicaments.
Le traitement de la maladie vestibulaire dépend de sa cause sous-jacente, mais il repose généralement sur des soins symptomatiques et des soins infirmiers généraux.
Des médicaments peuvent être prescrits pour réduire les nausées, le citrate de maropitant (Cerenia®) étant le plus couramment utilisé. Votre chat peut également recevoir des anti-inflammatoires. Selon le diagnostic, un traitement plus spécifique pourra être nécessaire, comme des antibiotiques, un drainage chirurgical de l’oreille moyenne en cas d’otite, ou l’ablation chirurgicale de tumeurs.
La maladie vestibulaire provoquant des nausées, de nombreux chats ont du mal à s’alimenter et à s’hydrater correctement. Dans certains cas, une perfusion intraveineuse ou sous-cutanée peut être nécessaire si le chat ne peut pas boire ou manger seul. Les soins infirmiers, à domicile ou en clinique, sont essentiels pour encourager la consommation d’eau et de nutriments.
Il est difficile d’estimer le coût du traitement, car il varie selon chaque situation. Il est recommandé de demander à votre vétérinaire une estimation détaillée avant de commencer le traitement. Les coûts peuvent aller de 400 $ (USD)pour un cas simple, sans intervention majeure, à 6 000 $ (USD) ou plus pour un cas exceptionnellement complexe, nécessitant par exemple une IRM et une chirurgie du système nerveux central.
Le pronostic dépend de la cause sous-jacente. Les chats atteints de maladie vestibulaire idiopathique, d’otite moyenne ou interne, ou de troubles cérébrovasculaires commencent souvent à s’améliorer en quelques jours et se rétablissent progressivement sur deux à trois semaines. Dans certains cas, certains signes, comme l’inclinaison de la tête ou la paralysie faciale, peuvent persister de manière permanente.
Conseils pour prendre soin de son chat
Les chats atteints d’une maladie vestibulaire ont besoin d’un soutien adapté à la maison pour les aider dans leurs activités quotidiennes.
- Alimentation assistée : il est important de soutenir le chat en position verticale lorsqu’il mange ou boit. Cela facilite la consommation et réduit le risque d’aspiration de nourriture ou de liquide.
- Calme et tranquillité : les chats sont des animaux sensibles et le stress peut aggraver les symptômes. Ils se rétablissent mieux dans un environnement calme, à l’écart des zones très fréquentées.
- Éliminer les obstacles : retirez les objets ou risques potentiels, comme les marches, pour permettre au chat de se déplacer en toute sécurité.
- Bonne luminosité : la vision du chat peut être perturbée par la maladie, il est donc recommandé de garder les pièces bien éclairées.
Prévention des maladies vestibulaires
Il n’existe pas de méthode spécifique pour prévenir les maladies vestibulaires chez le chat. Cependant, des visites régulières chez le vétérinaire et une vaccination contre les maladies évitables sont fortement recommandées. Traiter rapidement toute infection de l’oreille peut également limiter le risque que le problème se propage à l’oreille moyenne ou interne.