S’il existait un prix pour les « maladies félines compliquées », la pancréatite féline serait sans doute en tête de liste. Elle est difficile à diagnostiquer, complexe à traiter et ses causes restent souvent floues. La pancréatite chez le chat demeure relativement rare, puisqu’elle touche moins de 2 % des félins.
Même si elle est peu fréquente, cette affection reste sérieuse et peut s’avérer mortelle. Il est donc essentiel que les parents de chats se renseignent davantage sur la pancréatite féline et les options de traitement disponibles.
Notions de base sur le pancréas
Mais qu’est-ce que le pancréas au juste ? On sait bien qu’il produit l’insuline, l’hormone qui régule le taux de sucre dans le sang. Pourtant, le pancréas ne se limite pas à cette fonction : c’est un organe bien plus complexe.
Cet organe, à la forme un peu particulière, se trouve sous l’estomac, du côté droit du corps. Sur le plan fonctionnel, il est divisé en deux parties : endocrine et exocrine. La partie endocrine fabrique l’insuline, tandis que la partie exocrine produit des enzymes digestives qui descendent jusqu’à l’intestin grêle pour aider à décomposer les aliments.
Ces enzymes digestives sont extrêmement puissantes. C’est pourquoi le pancréas les conserve cachées et inactives jusqu’à ce qu’elles atteignent l’intestin grêle. Ce détail sera important à garder en tête lorsque nous aborderons ce qui se passe en cas de pancréatite.
Causes de la pancréatite chez le chat
Même si plusieurs causes potentielles de pancréatite féline ont été identifiées, la grande majorité des cas (plus de 90 %) restent sans origine connue. Parmi les causes possibles, on retrouve notamment un traumatisme important (comme une chute de grande hauteur), certaines maladies infectieuses (telles que la toxoplasmose ou la péritonite infectieuse féline), ainsi que des réactions indésirables à certains médicaments.
Comment se produit la pancréatite ?
Même si la cause exacte de la pancréatite féline demeure inconnue, nous savons ce qui se produit lorsque le pancréas s’enflamme : les enzymes digestives, habituellement stockées en toute sécurité, s’activent trop tôt et commencent à attaquer le pancréas lui-même.
Et ce n’est pas tout. Dans les formes les plus graves, ces enzymes ne se contentent pas de s’en prendre au pancréas : elles peuvent également endommager le foie et, plus rarement, atteindre le cerveau ou les poumons. En résumé, ces enzymes sont capables de provoquer de sérieux dégâts dans l’ensemble de l’organisme.
Symptômes de la pancréatite
Avec tous ces ravages corporels, on pourrait penser que les chats touchés seraient visiblement malades. Eh bien, ce n’est pas toujours le cas. Certains chats ne présentent aucun symptôme de pancréatite ou seulement des symptômes légers. D’autres chats tombent gravement malades. De plus, la pancréatite féline a tendance à être chronique, apparaissant périodiquement tout au long de la vie d’un chat.
Les symptômes de la pancréatite chez le chat sont souvent vagues et non spécifiques :
- Anorexie
- Léthargie
- Diarrhée
- Déshydratation
- Perte de poids
- Diminution ou augmentation de la température corporelle
Des vomissements et des douleurs abdominales peuvent également être présents, mais ils sont moins fréquents que les autres symptômes.
Dans les cas graves, le chat peut avoir une jaunisse (jaunissement de la peau, des yeux et des muqueuses) et éventuellement être en état de choc.
Diagnostic de la pancréatite
Comme les symptômes de la pancréatite sont très vagues, votre vétérinaire devra réaliser plusieurs examens afin de comprendre exactement ce qui se passe chez votre chat.
Le problème, c’est que les tests de base — analyses sanguines de routine, radiographies, échographie abdominale — ne permettent généralement pas de confirmer une pancréatite. Ils peuvent révéler qu’il y a un trouble, mais sans préciser qu’il s’agit bien d’une pancréatite.
Une biopsie du pancréas peut parfois aider au diagnostic. Toutefois, cet examen comporte des risques : il peut aggraver l’inflammation déjà présente et donc accentuer la maladie. Par ailleurs, si le chat est très affaibli, l’anesthésie nécessaire pour réaliser la biopsie peut représenter un danger vital.
L’examen considéré comme le plus fiable pour diagnostiquer la pancréatite féline est un test sanguin appelé test d’immunoréactivité de la lipase pancréatique féline (fPLI) — pas simple à retenir !
Ce test mesure le taux de lipase, une enzyme digestive produite par le pancréas. Bien qu’il soit très précis, il ne peut pas être interprété isolément : les résultats doivent toujours être analysés en parallèle avec les autres examens et l’évaluation clinique du chat afin de poser un diagnostic définitif.
Traitement de la pancréatite
Le traitement de la pancréatite chez le chat repose principalement sur des soins de soutien. L’idéal est bien sûr d’identifier et d’éliminer la cause sous-jacente, mais dans de nombreux cas, cela n’est pas possible. Le taux de survie de cette maladie est estimé à environ 77 % selon la National Library of Medicine.
L’un des piliers de la prise en charge est la thérapie par fluides intraveineux. Elle permet de réhydrater l’organisme du chat, d’éliminer certaines substances inflammatoires et d’assurer une bonne circulation sanguine vers et à travers le pancréas.
Chez les chats qui vomissent, il était traditionnellement recommandé de « mettre le pancréas au repos » pendant 2 à 3 jours, en supprimant nourriture et eau. Cependant, une théorie plus récente suggère que le tube digestif guérirait mieux lorsqu’il est sollicité par le passage des aliments. Si le vétérinaire choisit malgré tout de suspendre l’alimentation, le chat devra recommencer à manger rapidement après cette période. En effet, un chat qui reste à jeun plusieurs jours risque de développer une lipidose hépatique (syndrome du foie gras), une affection grave qu’il vaut mieux éviter d’ajouter à la pancréatite.
Dans certains cas, des médicaments stimulants de l’appétit peuvent aider. Si cela ne suffit pas, une sonde d’alimentation peut devenir nécessaire. Quoi qu’il en soit, un chat atteint de pancréatite a impérativement besoin d’un soutien nutritionnel pour retrouver des forces et prévenir la lipidose hépatique.
À cela s’ajoute la gestion de la douleur. Même si un chat ne semble pas souffrir, il est probable qu’une douleur abdominale soit présente et elle doit être prise en charge grâce à des antalgiques. Des médicaments anti-nauséeux peuvent également être administrés pour améliorer le confort du chat.
Enfin, les chats peu affectés ou ne présentant aucun symptôme n’ont pas toujours besoin de soins intensifs. Pour eux, un régime alimentaire adapté (riche en protéines de haute qualité, modérément gras, et parfois enrichi en probiotiques) peut suffire. Toutefois, si le chat refuse de manger, un stimulant de l’appétit reste conseillé.
Pronostic
Le pronostic est généralement favorable pour les pancréatites légères, mais il devient réservé, voire sombre, dans les cas plus graves.
Les chats qui se remettent d’un premier épisode risquent malheureusement de connaître d’autres crises par la suite. La pancréatite chronique, en particulier, endommage progressivement le pancréas et réduit peu à peu sa capacité à fonctionner correctement.
De plus, cette forme chronique peut prédisposer les chats à d’autres affections sérieuses, telles que la lipidose hépatique, le diabète sucré ou encore les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin.
Conclusion
La pancréatite féline est une maladie sérieuse, parfois difficile à diagnostiquer et à traiter. Selon la gravité du cas, un chat atteint peut avoir besoin de soins vétérinaires intensifs.
Même s’il n’est pas toujours facile de reconnaître la pancréatite, il est essentiel de consulter votre vétérinaire dès que vous remarquez des signes inquiétants (perte d’appétit, léthargie, etc.). Celui-ci mettra tout en œuvre pour prendre soin de votre compagnon et l’aider à retrouver la santé.