- Comment les chats contractent-ils la péritonite infectieuse féline ?
- Comment la péritonite infectieuse féline affecte-t-elle les chats ?
- Signes cliniques de la péritonite infectieuse féline
- Diagnostic de la péritonite infectieuse féline
- Traitement de la péritonite infectieuse féline
- Pronostic de la péritonite infectieuse féline
La péritonite infectieuse féline (PIF) est une maladie complexe et grave qui, jusqu’à très récemment, était toujours fatale chez les chats. Elle est causée par un biotype du coronavirus félin (FCoV), appelé virus de la péritonite infectieuse féline ou virus PIF (FIPV).
Cette maladie est présente partout dans le monde et ne touche que les chats : chiens, humains et autres espèces ne peuvent pas être infectés. La PIF est l’une des infections les plus redoutées en médecine vétérinaire pour les chats.
Comment les chats contractent-ils la péritonite infectieuse féline ?
L’un des aspects complexes de la PIF est que, bien que le coronavirus félin (FCoV) soit très répandu, la péritonite infectieuse féline reste rare.
Le FCoV, également appelé coronavirus entérique félin (FeCV), touche 80 à 90 % des chats vivant dans des foyers multi-chats. Pourtant, la plupart de ces infections sont bénignes, sans symptômes ou avec seulement de légers troubles digestifs, comme une diarrhée passagère. Le virus se transmet via les excréments, principalement par contact avec les litières, et peut survivre jusqu’à sept semaines dans l’environnement.
Lorsqu’un nouveau chat arrive dans un foyer, il est généralement infecté par voie orale, le plus souvent par contact avec la litière contaminée. La transmission directe d’un chat à un autre reste rare.
Après l’infection, le virus peut rester présent dans le tube digestif et dans le sang pendant un court laps de temps, puis être éliminé dans les selles pendant plusieurs semaines, mois, voire toute la vie du chat. Cependant, chez une très faible proportion des chats infectés, le virus initialement bénin mute et devient la forme virulente responsable de la PIF.
Cette mutation implique souvent des modifications ponctuelles ou des délétions au niveau du gène 3c, bien que les mécanismes exacts restent encore à élucider. La mutation survient chez un chat individuel : le virus mutant se multiplie rapidement, infecte les macrophages et monocytes de l’hôte, puis se propage dans tout l’organisme, provoquant la maladie.
Contrairement au FCoV, ce virus muté (FIPV) n’est pas excrété dans les selles et n’est donc pas considéré comme directement contagieux.
Plusieurs questions demeurent sur les circonstances précises de cette mutation et sur le développement de la PIF :
Il semble y avoir un lien entre la charge virale à laquelle un chat est exposé (une charge plus élevée augmentant le risque de PIF) et la réponse immunitaire individuelle. Les chats soumis à un stress important — par exemple lors d’une visite en chatterie, après une opération ou un changement de domicile — sont plus susceptibles de développer la maladie, car le stress affecte le système immunitaire.
La plupart des cas de PIF concernent des jeunes chats de moins d’un an, mais la maladie peut survenir à tout âge. Elle est également plus fréquente dans les foyers comptant plusieurs chats et chez certaines races, comme le sacré de birmanie, le bengal ou l’oriental. Par ailleurs, les mâles semblent plus exposés que les femelles, et les chats porteurs du virus de la leucémie féline (FeLV) sont aussi plus vulnérables à la maladie.
Comment la péritonite infectieuse féline affecte-t-elle les chats ?

La péritonite infectieuse féline chez le chat peut toucher l’organisme de différentes façons, se manifestant sous une forme humide ou sèche.
La PIF est une vascularite pyogranulomateuse qui affecte l’ensemble de l’organisme. Les signes cliniques varient en fonction des zones touchées. Classiquement, on distingue deux formes de PIF selon la réponse immunitaire du chat : la forme humide (effusive) et la forme sèche (non effusive). Cependant, ces catégories ne sont pas toujours strictes, certains cas présentant à la fois des caractéristiques des deux formes.
- La PIF humide, ou forme effusive, est une maladie aiguë à évolution rapide. Elle survient généralement quelques semaines ou mois après une période de stress, comme un changement de domicile ou une intervention chirurgicale. Les symptômes résultent principalement de la vascularite, une inflammation des vaisseaux sanguins, qui provoque une fuite de protéines et de liquide dans les cavités corporelles, entraînant une accumulation de liquide. Les signes observés chez un chat dépendent des zones où ce liquide s’accumule.
- La forme sèche, ou non effusive, est une maladie plus chronique, qui évolue lentement. Elle correspond à une réponse immunitaire partielle du chat face au virus. On observe alors des lésions pyogranulomateuses — des plaques résultant de la combinaison du virus et de la réaction immunitaire — dans plusieurs organes comme le foie, les reins, la rate, les ganglions lymphatiques, le cerveau, ainsi que dans la cavité abdominale. Là encore, les symptômes varient selon les organes touchés. Cette forme sèche peut évoluer vers la forme humide à un stade avancé de la maladie.
Signes cliniques de la péritonite infectieuse féline
Les signes cliniques de la péritonite infectieuse féline varient en fonction du type de maladie et des zones touchées dans le corps.
En général, les chats infectés présentent au début des symptômes vagues, tels qu’une léthargie, une perte d’appétit et une perte de poids. Des épisodes de fièvre (pyrexie) peuvent également survenir.
Dans la forme humide, les signes dépendent de l’endroit où le liquide s’accumule.
L’abdomen est le site le plus fréquemment concerné, provoquant une ascite : le ventre apparaît gonflé, rempli de liquide. Parfois, des masses dures peuvent être palpées dans ce liquide ; il s’agit souvent de ganglions lymphatiques hypertrophiés ou d’organes internes affectés, comme la rate, le foie ou les reins.
Si le liquide s’accumule dans la cavité thoracique, cela entraîne des difficultés respiratoires (dyspnée), car le liquide gêne l’expansion normale des poumons.
Lorsque le liquide se loge dans le sac entourant le cœur (épanchement péricardique), des signes évoquant une maladie cardiaque peuvent apparaître, dus à la pression exercée sur le cœur, qui ne peut plus se contracter correctement.
Dans la forme sèche, les symptômes apparaissent plus lentement et dépendent également des organes touchés.
On peut observer des signes généraux de maladie lorsque les organes abdominaux sont atteints, des difficultés respiratoires si ce sont les poumons ou la poitrine qui sont concernés, des troubles neurologiques — tels que l’ataxie ou même des convulsions — en cas d’atteinte du cerveau ou de la moelle épinière, ou encore des symptômes oculaires, comme des troubles de la vision et une apparence anormale des yeux, lorsque ceux-ci sont affectés.
Diagnostic de la péritonite infectieuse féline

Votre vétérinaire est le professionnel le plus qualifié pour diagnostiquer la péritonite infectieuse féline chez votre chat.
Le seul moyen d’établir un diagnostic définitif de PIF est l’histopathologie des tissus affectés, où l’on observe au microscope une inflammation pyogranulomateuse, ainsi que la détection de l’antigène FCoV dans les macrophages par immunohistochimie. Cependant, ces prélèvements sont difficiles à réaliser sur un chat vivant, et ce diagnostic ne peut le plus souvent être confirmé qu’après le décès du chat, lors de l’autopsie.
Dans la majorité des cas, votre vétérinaire s’appuiera sur une série de tests complémentaires dont les résultats, mis en regard, permettront d’établir un diagnostic probable de PIF.
Parmi les examens couramment pratiqués, on retrouve :
- L’examen clinique, qui recherche les signes déjà décrits, ainsi que des modifications spécifiques, par exemple un examen oculaire approfondi à l’aide d’un ophtalmoscope.
- Les radiographies et l’échographie, qui peuvent révéler une accumulation de liquide dans l’abdomen ou la cage thoracique, ainsi qu’une hypertrophie d’organes comme le foie, la rate ou les ganglions lymphatiques.
- Les analyses de laboratoire, notamment l’étude du liquide prélevé dans l’abdomen ou le thorax, qui est souvent le moyen le plus courant pour orienter le diagnostic. Ce liquide présente des caractéristiques particulières, qualifiées de transsudat modifié ou d’exsudat aseptique, selon sa couleur, sa viscosité, sa richesse cellulaire, etc. Un test PCR spécifique peut détecter l’ARN viral dans ce liquide, mais il ne permet pas de distinguer le coronavirus félin bénin (FCoV) du biotype pathologique (FIPV).
- Les analyses sanguines générales, comprenant un hémogramme qui révèle souvent une lymphopénie (diminution des lymphocytes) et une anémie, ainsi que des bilans biochimiques montrant fréquemment une hyperprotéinémie (notamment une hyperglobulinémie avec un faible rapport albumine/globuline), une hyperbilirubinémie, et des anomalies des fonctions hépatique et rénale.
- Des analyses sanguines plus spécifiques, comme la mesure de la glycoprotéine acide alpha-1, qui est souvent élevée chez les chats atteints de PIF, bien qu’elle puisse aussi augmenter dans d’autres maladies. Le dosage des anticorps contre le coronavirus félin est possible, mais ne permet pas de différencier les anticorps dirigés contre le virus bénin du biotype pathologique. De plus, de nombreux chats en bonne santé vivant en collectivité présentent des taux élevés d’anticorps, tandis que certains chats malades peuvent en avoir des taux faibles. Néanmoins, chez un chat présentant des signes compatibles avec la PIF, un taux très élevé d’anticorps FCoV peut appuyer le diagnostic.
- On estime que 80 à 90 % des chats vivant en communauté, et jusqu’à 50 % des chats en foyer individuel, possèdent des anticorps contre le FCoV, mais seulement 5 à 10 % des chats exposés développeront la PIF.
- D’autres examens plus poussés peuvent être réalisés, comme une évaluation neurologique approfondie par un spécialiste, comprenant éventuellement une analyse du liquide céphalo-rachidien (LCR), ainsi qu’une imagerie avancée telle que l’IRM, à la recherche des lésions caractéristiques de la PIF.
- Votre vétérinaire pourra également vous orienter vers un spécialiste en médecine féline pour un diagnostic et une prise en charge approfondis.
Traitement de la péritonite infectieuse féline
Pronostic de la péritonite infectieuse féline

La péritonite infectieuse féline (PIF) se transmet principalement par contact étroit avec d’autres chats, en particulier chez les chats non vaccinés.
Jusqu’à très récemment, la PIF était considérée comme une maladie mortelle, la plupart des chats se détériorant rapidement et nécessitant une euthanasie pour éviter des souffrances terminales. Certains chats présentaient des signes plus légers et une évolution plus lente, mais l’issue restait la même.
En général, les chats atteints de la forme humide (effusive) ne vivaient que quelques jours à quelques semaines, tandis que ceux atteints de la forme sèche (non effusive) survivaient généralement quelques semaines à quelques mois.
Cependant, grâce aux nouveaux traitements, il semble désormais possible de guérir complètement cette maladie. Ces médicaments restent coûteux et ne sont pas encore largement accessibles, mais ils offrent un véritable espoir aux chats atteints de PIF.